Bulletin épidémiologique semaines 41-42

du 11 au 24 octobre 2021

Résumé de la situation actuelle : Inversion de la tendance épidémique en incidence et sur les entrées à l’hôpital, rebond épidémique chez les enfants, plafonnement de la vaccination

  • Sur les deux dernières septaines disponibles, la circulation virale détectée s’est réorientée à la hausse. Il en est de même pour le taux de positivité, à 1,7% au 24/10. L’inversion de tendance se traduit également au niveau des nouvelles entrées à l’hôpital, y compris en soins critiques, tandis que les hospitalisations et soins critiques en cours voient leur recul ralenti.
  • Au 24/10, les hospitalisations en cours s’élevaient à 6 377 (-5,3% vs J-14), tandis que les soins critiques en cours s’élevaient à 1 018 (-10,0% vs J-14). La part des soins critiques en cours dans les hospitalisations continue de diminuer légèrement, à 16,0% (vs 16,8% à J-14).
  • 417 nouveaux décès ont été enregistrés durant les 2 semaines, soit une baisse de -30,2% (-35,3% en EHPAD, -29,8% en hôpital). Le recul des décès est lui-même sensiblement ralenti entre la semaine 41 et la semaine 42 (-3,3%).
  • Au 24/10, 47 départements, dont 45 en métropole, ont une incidence sur 7 jours supérieure ou égale à 50. La Martinique et l’Aveyron ont une incidence supérieure à 100, la Guyane à 200. L’incidence est en hausse dans 74 départements toutes tranches d’âges confondues, et dans 52 à 66 départements chez les scolaires selon la tranche d’âges.
  • Au cours des semaines 41 et 42, la primo-vaccination n’a que très peu progressé. Seulement 425 122 personnes ont reçu au moins une première dose de vaccin en 14 jours, (-11,1% par rapport aux 2 semaines précédentes), alors qu’il reste plus de 6,6 millions de 12 ans et plus pas du tout vaccinés, dont plus de 1,4 million de 60 ans et plus.
  • Depuis le début de la vaccination, 76,1% de la population ont reçu au moins une dose (88,5% des 12 ans et plus) et 74,2% ont été complètement vaccinés (86,4% des 12 ans et plus). Le taux de vaccination complète continue de se rapprocher de celui de la primo-vaccination, avec seulement 1,9 points d’écart. Au 24/10, 93% des 70 ans et plus ont reçu au moins une dose, et 91,5% sont complètement vaccinés. Ces taux n’ont pratiquement pas progressé en 2 semaines. La couverture vaccinale avec dose de rappel s’élevait à 3,7% au 24/10, dont 26,7% chez les 75-79 ans et 26,4% chez les 80 ans et plus. Elle n’était que de 8,6% chez les 70-74 ans, et de 4,9% chez les 65-69 ans. 
  • Au 24/10, la mutation L452R dans les tests positifs criblés s’élevait à 96,4% pour 50% de tests criblés.

Évolution des indicateurs hospitaliers

près le net ralentissement de la baisse des nouvelles admissions hospitalières en semaine 40 (-10,4% vs -25,9% en semaine 39 — voir bulletin précédent), la semaine 41 a encore accentué ce ralentissement (-7,5%), et la semaine 42 a marqué l’inversion de la tendance (+19,2%). La même évolution est observée pour les nouvelles entrées en soins critiques (-30,4% en semaine 39, -14,4% en semaine 40, -4,3% en semaine 41, +12,7% en semaine 42). Ce phénomène sur les entrées a pour conséquence de ralentir très sensiblement le recul des hospitalisations et soins critiques en cours : seulement -1,1% pour les hospitalisations en cours et -3,2% pour les soins critiques en cours le 24/10 comparativement à J-7. En semaine 42, les nouvelles entrées à l’hôpital ont repassé le seuil des 1 500, et celles soins critiques le seuil des 350. Le 24/10, les hospitalisations en cours s’élevaient cependant à leur plus bas niveau depuis fin septembre 2020, inférieur à 6 400, tandis que les soins critiques en cours, toujours supérieurs à 1 000, retrouvaient leur niveau de fin juillet 2021. Avec la reprise des admissions, il est toutefois probable que les encours se réorientent également à la hausse.
Le nombre moyen hebdomadaire des hospitalisations en cours est en baisse dans la plupart des tranches d’âges consécutivement sur les 2 semaines observées, à l’exception, en semaine 42, des 90 ans et plus où il remonte (+3,8%), et des 0-9 ans où il stagne (+0,4%). Le nombre moyen hebdomadaire des soins critiques en cours augmente en outre en semaine 42 chez les 80-89 ans (+8,0%) et les 90 ans et plus (+78,0%, de 6 à 10). Il stagne à un très faible niveau chez les 0-19 ans, et recule de façon ralentie chez les autres tranches d’âges. Les 60-89 ans représentent 65,5% des hospitalisations en cours, et les 50-79 ans représentent 73,3% des soins critiques en cours.

En l’absence de mise à jour récente  de ces données, nous republions celle du précédent bulletin.

A partir des données disponibles au 27/09, la baisse sensible des hospitalisations globales et des soins critiques pour 10 millions d’habitants parmi les personnes non-vaccinées à partir de la dernière semaine d’août se prolonge. En revanche, le recul concernant les décès depuis début septembre s’est interrompu. Les personnes non-vaccinées bénéficient du reflux de l’épidémie, mais restent très largement plus exposées au risque d’hospitalisation, de soins critiques et de décès. Une reprise épidémique les exposerait probablement à de nouvelles augmentations des hospitalisations, soins critiques et décès. 

Sur les 14 derniers jours disponibles au 24/10, le nombre de personnes testées a reculé de -25,7% par rapport aux 2 semaines précédentes. Il s’est établi à 2,2 millions en semaine 42. Entre la semaine 41, incluant la date de fin du remboursement des tests dans certains cas, et la semaine 42, la baisse est de -22,8%. Elle concerne toutes les tranches d’âges à l’exception des 0-9 ans (+1,4%). Le recul du nombre de tests est le plus élevé chez les 20-29 ans (-39,6%) et les 30-39 ans (-33,2%), alors que cette dernière tranche d’âges affiche la couverture vaccinale la plus faible parmi les adultes (85% de primo-vaccination). Le nombre de personnes testées positives sur les 2 semaines s’est élevé à près de 70 000. Il est en hausse sur chacune des 2 semaines, respectivement +10,5% et +13,8%. Cette augmentation concerne toutes les tranches d’âges à l’exception des 20-29 ans (-1,6% en semaine 42). Les taux de progression sont les plus élevés chez les 60 ans et plus (+60% en moyenne), chez les 50-59 ans (+17,7% en semaine 41, +31,3% en semaine 42), et chez les 0-9 ans (+19,3% en semaine 41, +27,1% en semaine 42). Le taux de positivité remonte dans toutes les tranches d’âges, et est supérieur à 2% chez les 60-89 ans.

Évolution de l’incidence

L’incidence ré-augmente sur les 2 semaines dans toutes les tranches d’âges, à l’exception des 20-29 ans où elle reste relativement stable. En 2 semaines, elle a augmenté de +25,0% au niveau national, et de +31,7% en métropole. En semaine 42, elle a augmenté respectivement de +14,6% et de +14,9%. Au 24/10 en semaine glissante, elle était orientée à la hausse dans 74 départements, contre 32 il y a 2 semaines. Elle était supérieure à 50 chez les 0-49 ans et les 70-79 ans. Le détail par niveau scolaire indique un rebond épidémique chez les enfants dans plus de la moitié des départements (voir ci-dessous).

Au 24/10, le nombre de personnes testées positives en moyenne sur 7 jours est en hausse de +14% par rapport à la semaine précédente. Le nombre de départements où le nombre de personnes testées positives est en hausse s’élève à 74. Les plus fortes augmentations sont concentrées dans l’Ouest de la métropole, dans les massifs du Sud-Est, et au Nord. L’incidence la plus élevée est en Guyane (227) puis en Martinique (134). En métropole, elle est supérieure ou proche de 100 en Aveyron (102) et dans les Bouches-du-Rhône (97).

Au 24/10, au niveau national, l’incidence dans toutes les tranches d’âges scolaires à partir de 3 ans remonte. Elle est supérieure à 50 chez les 6-10 ans (89) et les 11-14 ans (62), et est la plus élevée chez les 6-10 ans pour lesquels le port du masque dans les départements qui affichaient une incidence inférieure à 50 n’était plus requis. L’incidence chez les 3-5 ans est en hausse dans 52 départements. Elle augmente chez les 6-10 ans dans 64 départements, chez les 11-14 ans dans 66 départements, et chez les 15-17 ans dans 53 départements. L’incidence chez les 3-5 ans est supérieure à 50 dans 20 départements (+5), dont 17 où elle augmente (+8). Chez les 6-10 ans, elle est supérieure ou égale à 50 dans 69 départements (+16), dont 53 où elle augmente (+33). Chez les 11-14 ans, elle est supérieure ou égale à 50 dans 48 départements (+2), dont 39 où elle augmente (+21). Chez les 15-17 ans, elle est supérieure à 50 dans 32 départements (+7), dont 22 où elle augmente (+8). Chez les 3-5 ans, l’incidence la plus élevée au 24/10 en semaine glissante était observée en Lozère (294). Chez les 6-10 ans, elle était observée dans l’Aveyron (383), chez les 11-14 ans dans les Hautes-Alpes (295), et chez les 15-17 ans en Martinique (235). 

Évolution des variants

La mutation L452R, présente notamment dans le variant Delta, était retrouvée dans 96,4% des tests positifs criblés au 24/10 en semaine glissante. Sa part était cependant inférieure à 90% dans 14 départements, dont inférieure à 70% dans le Cantal (66,7%), et à 80% dans le Gard (77,5%), sans que l’on y retrouve les autres mutations ciblées E484K et E484Q. Ces dernières restent pratiquement absentes du territoire, à l’exception de l’Ariège pour la mutation E484K (9,4%), et de 5 départements (Gers, Oise, Côte d’Or, Finistère, Charente-Maritime) pour la mutation E484Q (entre 3,6 et 7,5%). 

 

Les données sur la dernière semaine glissante s’entendent sur le criblage de la moitié des tests positifs au 24/10 en semaine glissante.

Évolution de la vaccination

La couverture vaccinale n’a pratiquement pas progressé en 2 semaines. Après un ralentissement constant depuis la mi-août, la primo-vaccination a progressé de nouveau augmenté de moins de 1 point en 14 jours, avec 425 000 nouvelles injections, alors qu’il reste 6,6 millions de personnes pas du tout vaccinées éligibles à la vaccination, dont plus de 1,4 million de 60 ans et plus. En incluant les moins de 12 ans, non-éligibles à la vaccination à ce jour, près d’un quart de la population n’est pas du tout vacciné. La primo-vaccination ne progresse plus chez les 80 ans et plus, alors que près de 14% ne sont pas du tout vaccinés. Elle stagne également chez les 60-69 ans, alors qu’environ 10% de cette tranche d’âges ne sont pas du tout vaccinés. Parmi les tranches d’âges par dizaine dans la population éligible à la vaccination, 5 d’entre elles atteignent une primo-vaccination inférieure à 90% au 24/10 : 12-17 ans (76,1%), 25-29 ans (88,2%), 30-39 ans (85%), 40-49 ans (88,3%), et 80 ans et plus (86,6%).

Par David Simard, Eric Billy et Germain Forestier pour le Collectif