Bulletin épidémiologique semaines 39-40

du 27 septembre au 10 octobre 2021

Résumé de la situation actuelle : Ralentissement sensible de l’amélioration de la situation épidémique, clusters scolaires, vaccination pratiquement à l’arrêt

  • Sur les deux dernières septaines disponibles, la circulation virale détectée continue son recul par rapport aux 2 semaines précédentes, mais à un rythme beaucoup moins soutenu et qui ralentit. Le taux de positivité baisse à 1,0% au 10/10 en semaine glissante. Les indicateurs hospitaliers sont toujours orientés à la baisse, mais à un rythme moins rapide en semaine 40 qu’en semaine 39. Ce ralentissement concerne particulièrement les nouvelles hospitalisations pour la 3e semaine consécutive.
  • Au 10/10, les hospitalisations en cours s’élevaient à 6 737 (-15,7% vs J-14). Avec un rythme de baisse plus soutenu, les soins critiques en cours s’élevaient à 1 132 (-28,2% vs J-14). La part des soins critiques en cours dans les hospitalisations continue de diminuer, pour redescendre à 16,8%.
  • 594 nouveaux décès ont été enregistrés durant les 2 semaines, soit une baisse de -39,8% (-55,1% en EHPAD, -38,6% en hôpital). 2 nouveaux décès chez les 10-19 ans ont été recensés en semaine 39, soit, en 3,5 mois, 40% de l’ensemble des décès depuis le début de l’épidémie pour cette tranche d’âges.
  • Au 10/10, 18 départements, dont 15 en métropole, ont une incidence sur 7 jours supérieure ou égale à 50. La Martinique et la Lozère ont une incidence supérieure à 100, la Guyane à 300. L’incidence est en hausse dans 32 départements toutes tranches d’âges confondues, et dans 28 à 38 départements chez les scolaires selon la tranche d’âges.
  • Au cours des semaines 39 et 40, la primo-vaccination n’a pratiquement pas progressé. Seulement 478 185 personnes ont reçu au moins une première dose de vaccin en 14 jours, contre plus de 670 000 les deux semaines précédentes, soit une baisse de 28,8%, après les baisses successives de 40%, 41% et 47% les quinzaines précédentes, alors qu’il reste 7 millions de 12 ans et plus pas du tout vaccinés, dont près d’1,5 million de 60 ans et plus.
  • Depuis le début de la vaccination, 75,5% de la population ont reçu au moins une dose (87,7% des 12 ans et plus) et 73,3% ont été complètement vaccinés (85,3% des 12 ans et plus). Le taux de vaccination complète continue de se rapprocher de celui de la primo-vaccination, avec seulement 2,2 points d’écart. Au 10/10, 92,8% des 70 ans et plus ont reçu au moins une dose, et 91,1% sont complètement vaccinés. Ces taux ne progressent pratiquement plus. 
  • Au 10/10, la mutation L452R dans les tests positifs criblés s’élevait à 95,9% pour 47% de tests criblés.

Évolution des indicateurs hospitaliers

Toujours orienté à la baisse, le nombre des nouvelles admissions hebdomadaires à l’hôpital est descendu en-dessous des 1 500 en semaine 40, contre plus de 2 000 en semaine 38. Après une hausse en semaine 36 des nouvelles hospitalisations d’enfants de 0 à 9 ans et de 10 à 19 ans qui, dans la suite de la rentrée scolaire, ne concernait que ces tranches d’âges, celles-ci continuent de redescendre depuis la semaine 37. A l’image des populations non vaccinées, les enfants non vaccinables bénéficient du reflux global de la circulation virale. Toutes tranches d’âges confondues, la baisse des nouvelles admissions hospitalières connaît cependant un net ralentissement en semaine 40, à -10,4%, contre -25,9% en semaine 39, et -18% en semaine 38. Les hospitalisations en cours connaissent un taux de décroissance peu élevé pour la 2e semaine consécutive, inférieur à -10% (-8,6% en semaine 39 et -7,8% en semaine 40). Ceci fait suite au ralentissement du rythme de baisse des cas positifs détectés depuis la semaine 38. La baisse des nouvelles admissions en soins critiques connaît également un très net ralentissement en semaine 40 (-14,4% vs -30,4% en semaine 39).
Le nombre moyen hebdomadaire des hospitalisations en cours est en baisse dans toutes les tranches d’âges consécutivement sur les 2 semaines observées, mais à un rythme moins soutenu en semaine 40 qu’en semaine 39 pour les 0-9 ans, 40-49 ans, 60-69 ans et 90 ans et plus. Le nombre moyen hebdomadaire des soins critiques en cours évolue de façon plus hétérogène selon les tranches d’âges. S’il s’établit entre 6 et 8 pour les 0-9 ans depuis 3 semaines, il est descendu à 3 pour les 10-19 ans. Il n’a reculé que de -12% pour les 70-79 ans en semaine 40, contre -16% les 2 semaines précédentes. Il a stagné ou augmenté en semaine 39 chez les 80 ans et plus, pour redescendre en semaine 40. Les 60-89 ans représentent 64,4% des hospitalisations en cours, les 40-59 ans 19,4%, les 90 ans et plus 9%, les 20-39 ans 6%, et les 0-19 ans 1,3%. Les 50-79 ans représentent 75,5% des soins critiques en cours, les 30-49 ans 17,2%, les 80 ans et plus 4,2%, et les 0-29 ans 3,1%.

A partir des données disponibles au 27/09, la baisse sensible des hospitalisations globales et des soins critiques pour 10 millions d’habitants parmi les personnes non-vaccinées à partir de la dernière semaine d’août se prolonge. En revanche, le recul concernant les décès depuis début septembre s’est interrompu. Les personnes non-vaccinées bénéficient du reflux de l’épidémie, mais restent très largement plus exposées au risque d’hospitalisation, de soins critiques et de décès. Une reprise épidémique les exposerait probablement à de nouvelles augmentations des hospitalisations, soins critiques et décès. 

Sur les 14 derniers jours disponibles au 10/10, le nombre de personnes testées a régressé de -10,5% par rapport aux 2 semaines précédentes. Il s’est établi à 3,1 millions en semaine 40. Cette baisse concerne toutes les tranches d’âges à l’exception des 10-19 ans, qui voient leur nombre de testés ne baisser que de -0,7% entre les semaines 40 et 39, et augmenter de +32% entre les semaines 39 et 38. Si par quinzaine, le nombre de cas positifs toutes tranches d’âges est en recul de -29,5%, il n’a reculé que -9,9% entre les semaines 40 et 39, pour s’élever à un peu plus de 29 000. Le rythme de baisse des cas positifs détectés ne cesse de ralentir depuis la mi-septembre, alors qu’il atteignait -27,5% la semaine du 6 au 12 septembre par rapport à la semaine précédente. Le taux de positivité, à 1,0%, recule très faiblement. Il reste le plus élevé chez les 0-9 ans, à 1,3%, et chez les 70-89 ans, à 1,2%.

Évolution de l’incidence

L’incidence baisse dans toutes les tranches d’âges et est descendue en-dessous du seuil de 50 au niveau national, mais ce recul accuse un rythme sensiblement ralenti (-8,3% en 1 semaine). Au 10/10, elle était orientée à la hausse dans 32 départements. Le nombre des tranches d’âges où elle était supérieure à 50 était en recul, pour ne plus concerner que les 20-29 ans et les 30-39 ans. Cependant, le détail par niveau scolaire indique un rebond épidémique chez les enfants dans plusieurs départements (voir ci-dessous).

Au 10/10, le nombre de personnes testées positives en moyenne sur 7 jours est en recul de -10% par rapport à la semaine précédente. En métropole, le nombre de départements où le nombre de personnes testées positives est en hausse est cependant en augmentation, à la faveur notamment de clusters scolaires comme en Lozère (+264%) ou en Creuse (+200%), 2 départements où le port du masque en primaire a été levé au 04/10. Après une forte hausse, l’incidence en Guyane, toujours très élevée, a reculé (369 vs 537 il y a 2 semaines). En métropole, l’incidence la plus élevée est désormais constatée en Lozère (105), puis dans les Bouches-du-Rhône (92).

Au 10/10, au niveau national, l’incidence dans toutes les tranches d’âges scolaires est en recul. La situation au niveau départemental est cependant plus contrastée, avec une hausse de l’incidence chez les 3-5 ans et les 6-10 ans dans 28 départements, chez les 11-14 ans dans 32 départements, et chez les 15-17 ans dans 38 départements. L’incidence chez les 3-5 ans est supérieure à 50 dans 15 départements, dont 9 où elle augmente. Chez les 6-10 ans, elle est supérieure ou égale à 50 dans 53 départements, dont 20 où elle augmente. Chez les 11-14 ans, elle est supérieure ou égale à 50 dans 46 départements, dont 18 où elle augmente. Chez les 15-17 ans, elle est supérieure à 50 dans 25 départements, dont 14 où elle augmente. Parmi les 47 départements exclus de la première liste des zones où une circulation élevée de l’épidémie était constatée, pouvant dès lors appliquer le protocole scolaire de niveau 1 à compter du 04/10 (décret n° 2021-1268 du 29/09/21), l’incidence chez les 6-10 ans était supérieure à 50 au 10/10 dans 18 départements, et était en augmentation dans 13 départements. Toutes tranches d’âges confondues, elle était en hausse dans 16 de ces départements, et supérieure à 50 dans 1 département (la Lozère). Chez les 3-5 ans et les 6-10 ans, l’incidence la plus élevée était observée en Lozère (respectivement 379 et 604), chez les 11-14 ans et les 15-17 ans en Guyane (respectivement 318 et 277). Pour ces deux dernières tranches d’âges, en métropole, l’incidence la plus élevée était observée en Corse-du-Sud (respectivement 256 et 179). 

Évolution des variants

La mutation L452R, présente notamment dans le variant Delta, était retrouvée dans 95,9% des tests positifs criblés au 10/10 en semaine glissante. Ce taux reste stable depuis plusieurs semaines. Les autres mutations ciblées, E484K et E484Q, restent pratiquement absentes, à moins de 1%. 3,7% des tests criblés ne présentent aucune de ces mutations. La part de la mutation L452R est supérieure à 90% depuis la fin juillet. Le variant 20I/501Y.V1 (UK) n’avait pas excédé les 83%, et était resté supérieur à 80% environ 1,5 mois, avant de redescendre au profit de variants porteurs de la mutation L452R. 

Les données sur la dernière semaine glissante s’entendent sur le criblage de moins de la moitié (47%) des tests positifs au 10/10 en semaine glissante.

Évolution de la vaccination

La couverture vaccinale ne progresse pratiquement plus. Après un ralentissement constant depuis la mi-août, la primo-vaccination a progressé de moins de 1% en 14 jours, avec moins de 500 000 nouvelles injections, alors qu’il reste 7 millions de personnes pas du tout vaccinées éligibles à la vaccination, dont près de 1,5 million de 60 ans et plus. S’ajoutent 9,4 millions de moins de 12 ans, non-éligibles à la vaccination à ce jour. Chez les 50 ans et plus, la primo-vaccination a progressé de moins de 0,5 point en 2 semaines dans toutes les tranches d’âges par dizaine. Celle chez les 70-79 ans est cependant très élevée, à plus de 97%. Elle reste en revanche inférieure à 90% chez les 60-69 ans (89,8%) et les 80 ans et plus (86,3%). C’est également le cas chez toutes les tranches d’âges entre 18 et 49 ans, avec un taux plus bas chez les 30-39 ans (84%). Les 12-17 ans, dont l’accès à la vaccination a été plus tardif, sont primo-vaccinés à hauteur de 74,4%. Si la progression dans cette tranche d’âge est la plus importante (+2,5 points en 2 semaines), elle est cependant ralentie par rapport à celle de la quinzaine précédente (+3,8 points). Indépendamment du rappel de 3e dose, la vaccination considérée comme complète a peu progressé également (+1,4 point). Si elle est élevée chez les 70-79 ans, autour de 96%, elle est inférieure à 90% dans toutes les autres tranches d’âges, et inférieure ou égale à 85% environ chez les 18-49 ans et les 80 ans et plus, et à 70% chez les 12-17 ans. Désormais, on compte seulement 2,2 points d’écart entre le taux de la primo-vaccination et celui de la vaccination complète, contre 2,7 il y a 2 semaines. Le rapprochement des deux taux confirme l’atteinte d’un plafond de la vaccination.

Par David Simard, Eric Billy et Germain Forestier pour le Collectif